Pierres et extraction

Lorsqu’ils étaient nomades, les Inuit du Canada sculptaient principalement l’ivoire, l’os, le bois de caribou ou le bois flotté. Ils créaient de petits objets, amulettes, jouets et jeux de société, qui étaient faciles à transporter.

Depuis qu’ils sont sédentaires, ils sculptent avant tout la pierre. Ils n’ont toutefois pas abandonné les autres matériaux. Certains sculpteurs les privilégient même; d’autres les intègrent parfois à une sculpture en pierre.

Les gisements de pierres varient en fonction des régions.

Au Nunavik (Grand Nord du Québec) , on trouve surtout des gisements de stéatite (soapstone ou pierre à savon). Il s’agit d’une pierre tendre qui permet d’apporter de nombreux détails à une sculpture, si on le souhaite. Dans cette région, la stéatite est très claire, voire presque blanche . Après lui avoir donné forme, les sculpteurs la polissent. Plus elle est polie, plus elle noircit. Ce phénomène leur permet de créer des contrastes intéressants, par exemple en la gravant après le polissage : visage, cheveux, accessoires, aspects du vêtement, etc. Les pièces en stéatite nécessitent des précautions lorsqu’on les manipule, car la pierre peut se rayer, voire s’ébrécher.

Il existe aussi quelques gisements d’argilite et de serpentine au Nunavik ; cependant, 99 % des sculptures de cette partie du Grand Nord canadien sont en stéatite.

 

Au Nunavut, région plus vaste se situant au-dessus des autres provinces canadiennes, les gisements sont beaucoup plus variés. On trouve notamment des serpentines de diverses couleurs, magnifiquement veinées, ainsi que du basalte (région d’Arviat).

Le développement des voyages et des rencontres artistiques a favorisé ces dernières années des échanges intercontinentaux entre sculpteurs et de ce fait des échanges de pierres. Des sculpteurs africains sont venus comparer leurs techniques avec des artistes du Nunavik. Ainsi, certains Inuit se sont essayés au marbre italien ou à la stéatite brésilienne par exemple.

Toutefois, comme le niveau de dureté de la pierre influence la façon de la sculpter et comme, traditionnellement, la plupart des sculpteurs inuit n’avaient (et n’ont toujours) pas le choix de leur support, les critères habituels de la gemmologie ne sont pas pris en compte pour évaluer une sculpture inuit.